IMPLICATIONS FINANCIERES :


Implications financières

En raison de la diversité des tâches effectuées par les 11 gardes de l’environnement ainsi que la multiplicité des employés du Service genevois de gestion de la nature (80), l’estimation du temps imparti à la faune chassable n’est point aisée. Les données récoltées pour arriver à des résultats sont un croisement de ce qui a été énoncé par un tableau Excel donné par l’inspecteur de la faune concernant l’année 2014, de ce qui fut recueilli auprès des gestionnaires lors des entretiens en 2015 et des résultats d’une enquête menée en 2011-2012 [1].

Les frais de gestion ont été scindés en quatre rubriques :

- l’organisation de la gestion (comprenant les séances d’organisation de la gestion, le travail d’information et de surveillance);

- le volet compensation (englobant les taxations et indemnisations – administratif inclus);

- l’aspect protection (toutes les mesures de protection des dégâts envisagés);

- la régulation étatique (le temps de tirs des animaux ainsi que le matériel spécifique amorti).

Organisation de la gestion de la faune chassable

Le temps de séances total a été comptabilisé à 245 heures ce qui correspondrait à 7'356 CHF si tous les employés du Service étaient à un tarif horaire de 30 CHF. 100'000 CHF ont été comptés pour l’information du public et la surveillance des milieux à raison de 30 minutes par garde et par jour (ce qui constitue un minimum pour cette « police verte » vu le demi-million de genevois susceptibles d’être rencontrés dans la nature> [2] et les quelques 35'000 chiens connus [3]).

107'356 CHF sont donc comptés pour l’organisation, l’information et la surveillance.

Le volet compensation

Pour les procédures de dégâts (relai des appels par les opérateurs, envoi des fax, informatisation des données, réception et traitement de l’information par les gardes), un dixième de poste est compté, ce qui représente 10'000 CHF. Pour l’indemnisation des dégâts, la même somme est envisagée par les gestionnaires (10'000 CHF). 40'000 CHF de taxation sont comptés pour les taxateurs mandatés et les gardes présents lors deconstat de dégâts. À cela s’ajoutent les 350'000 CHF de dégâts en 2014.

410'000 CHF sont ainsi envisagés pour le volet compensation.

L’aspect protection

La prévention de l’abroutissement des zones de régénération du massif de Versoix par les cerfs est estimée à 79'200 CHF par an (sur 20 ans). Il s’agit des frais d’acquisition du matériel et de l’entretien de 500 parcelles de 25 m² (minimum envisagé) clôturées en liteaux de bois - afin d’éviter que des animaux ne meurent suite à de possible électrocutions. Pour les cultures,13'570 CHF ont été calculés pour le matériel (2 fils, flexinet [4] et panneaux solaires) [5] et 92'600 CHF pour la pose et la dépose de clôtures autour de 200 hectares de cultures. Sans oublier les 5'000 CHF dédiés à l’agrainage dissuasif essentiel au bon fonctionnement de la prévention. Les mesures pour éviter les dégâts des oiseaux sont estimées par le Service à 16’000 CHF, la prévention contre les chevreuils à 23'000 CHF (effaroucheurs sonores) alors que les autres moyens de prévention (manchons anti-lièvres, etc.) sont évalués à 10'000 CHF.

239’370 CHF sont comptabilisés pour la prévention des dégâts des animaux sauvages.

La régulation étatique

Les frais de régulation sont estimés par le Service à 180'000 CHF pour 2014 (où 176 sangliers, 10 renards, 88 corneilles et 99 pigeons ont été tirés). La permanence nocturne (tournus entre les gardes) a été prise en compte sur ce budget. Le matériel a été estimé à 38'000 CHF/an en considérant ses 12 ans d’amortissement. S’ajoutent 7'700 CHF d’indemnisations des gardes (pour le téléphone et l’entretien des habits) ainsi que les 40'000 CHF notés pour les comptages des animaux [6]. Le gain de la viande de sanglier vendu à un traiteur (40'000 CHF) est à déduire.

225’710 CHF sont ainsi estimés pour la régulation de la faune chassable par les gardes.

En résumé, la totalité de la gestion atteint un coût de 982'436 CHF. Somme bien inférieure aux 1'974'824 CHF que coûterait un café par citoyen genevois, ces frais représentant plutôt 2,50 CHF par habitant. Ces montants sont l’équivalent de 85 CHF par hectare cultivé et 325 CHF par hectare de forêts. Ils reviendraient à 3'386 CHF par exploitation agricole ainsi qu’à 4'400 CHF par sanglier sur pied [7].

Les connaissances acquises ont permis la conception d’un modèle permettant d’estimer les frais d’une gestion de la faune chassable sur un territoire donné si les chasseurs venaient à disparaître. Ce calculateur permet à tout gestionnaire intéressé de savoir combien lui coûterait la gestion sans chasseurs moyennant une quantité d’informations (environ 70) sur son domaine. Il a été testé avec un territoire imaginé : Maland.

À Maland, le tarif horaire est de 20.-/h et 450'000.- de dégâts sont indemnisés chaque année. Sa surface totale est de 175'000 ha, recouverte de 90'000 ha d’agriculture et 65'000 ha de forêts. Ce territoire abrite 600 chasseurs qui tirent 400 sangliers, 500 cerfs et 700 chevreuils (150 individus de chaque espèce devant être de plus régulés pour minimiser les dégâts). Pour la gestion de la faune chassable de ce territoire, le modélisateur calcule quelques 300'000.- à charge de l’État avec les chasseurs et 1'820'000.- sans chasseurs. Autrement dit, bien que les frais de gestion nécessitent un grand nombre de chasseurs pour qu’ils soient totalement compensés, le budget est néanmoins considérablement diminué par l’activité de ces derniers.

En considérant les quelques 3'000 jours investis par les chasseurs dans la surveillance des milieux, l’information au public (sur la tenue en laisse des chiens p.ex.), les comptages annuels des animaux et la mise en place des moyens de prévention (agrainage et clôtures), l’État se voit allégé d’une charge financière de plus d’un million. Certes, la chasse doit être organisée et surveillée mais cette partie de la gestion est plus que compensée par l’apport financier des chasseurs (équivalent à 355'000.- dans ce cas).

En outre, le coût n’est qu’une facette de la problématique car la suppression de la chasse a un effet sur les finances mais aussi sur la société comme sur l’environnement – deux paramètres à ne pas négliger.



[1] Mémoire : Des Hommes et des Sangliers. Comment les clôtures limitent les relations entre les agriculteurs et la faune du Mandement genevois (Piachaud, 2014).

[2] 493'706 en 2016 selon l’OFS, 2017.

[3] 34'000 chiens déclarés à Genève, selon Pronatura et al., 2010.

[4] Treillis à mouton utilisé contre les dégâts des blaireaux.

[5] Selon le type de clôture choisi (2 fils, 4 fils, treillis, fixe métallique, surélevée, etc.) le prix d’achat de la mesure de prévention passe de 360 CHF (2 fils contre les sangliers) à 1'420 CHF (surélevée électrique contre les chevreuils) par hectare clôturé.

[6] L’estimation des populations animales étant primordiale pour savoir combien d’individus doivent être tirés.

[7] Le cheptel imaginé est de 220 sangliers sur le canton étant donné que 238 sangliers sont tirés en moyenne. Les tirs sont sensés réduire la population de moitié mais les tirs comme la reproduction se réalisent toute l’année.