CONCLUSION ET PERSPECTIVES :


Conclusion et perspectives

Approfondir les connaissances sur la seule entité politique occidentale qui se passe des chasseurs pour gérer la faune de son territoire, est d’un intérêt certain pour les gestionnaires, les régulateurs et les protecteurs de l’environnement. Les multiples implications d’une gestion exclusivement étatique de la faune chassable sont mises en évidence par l’exemple de cette votation populaire, suite à laquelle des réponses ont été trouvées par le Service de gestion.

La gestion de la faune chassable coûterait moins d’un café par citoyen genevois par année ? Cette formulation est donc aujourd’hui caduque et les chiffres réels méritent d’être énoncés [1] afin d’apaiser la controverse sur les méthodes de gestion utilisées à Genève.
Cette recherche montre cependant que l’extension de la régulation à toutes les espèces problématiques, et non pas limitée aux sangliers, causerait moins de situations conflictuelles. La présence des chasseurs pourrait diminuer le temps de régulation des gardes (ainsi que permettre l’assistance de ceux-ci dans d’autres tâches) et ainsi diminuer au minimum budget de moitié. La présente étude n’a pas pour objectif de faire revenir la pratique de chasse diurne à Genève mais bien de montrer aux autres cantons (et régions à l’international) que l’absence des chasseurs a des implications financières importantes. La modélisation informatique conçue lors de cette étude pourra donner des éléments de réponse à des gestionnaires qui s’interrogent.

Lorsque la chasse n’est plus présente, les représentations sont davantage nourries par les divers médias. Pour ce qui est des Genevois, la proximité avec la France induit une perception erronée et biaisée de la chasse en Suisse, notamment dû à des données différentes entre ces deux pays, comme le nombre d’accidents, de la durée de formation et des lâchers de gibier). La concertation de tous les acteurs face aux choix de gestion de la nature est une habitude genevoise qui pourrait inspirer les gestionnaires au-delà des frontières – dans l’intérêt que ces regroupements des différents milieux permettent l’apaisement des tensions existantes.

La disparition de la pratique de chasse diurne permet à certaines espèces de proliférer (oiseaux d’eau, sangliers, chevreuils, cerfs et renards, etc.), pour le plaisir des amoureux de la nature, mais provoque aussi l’agacement de certains cultivateurs ou préleveurs de ressources naturelles (comme les pêcheurs). C’est ainsi davantage la perception de la nature qui a été influencée par la suppression de la chasse : une population sensibilisée par le débat public qu’a induit la votation et qui apprécie profiter de ses milieux naturels – cadre de diverses activités.
À souligner que l’investissement important des gestionnaires étatiques, ainsi que des protecteurs, a permis de compenser les actions de maintien de la biodiversité, réalisées principalement par les chasseurs dans d’autres régions (la présence accrue des associations de protection influe aujourd’hui également beaucoup sur l’amélioration des écosystèmes).

Dans la société actuelle, il est difficile d’envisager de se passer de régulation des animaux sauvages. Dans ce sens, cette recherche montre que si les chasseurs ne peuvent plus pratiquer, des professionnels doivent les remplacer ce qui a un impact financier. Des rencontres officielles entre tous les utilisateurs des milieux naturels pourraient cependant améliorer des situations parfois tendues. L’importance des régulateurs pour la cohabitation de la société avec une nature développée doit être soulignée, pour que les représentations véhiculées sur les chasseurs ne soient pas uniquement alimentées par les accidents découlant de la transgression des règles cynégétiques. La nécessité de la « chasse gestionnaire » est à mettre en avant par tous les régulateurs.

[1] Sachant qu’ils représentent moins de 0,03% du budget de fonctionnement cantonal.